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extrait de
l'article de Patrice
CLEYRAT
La
discographie de Verdier débute en 1973 par le 45 tours Desemplumat
(Désemplumé), suivi d'un 3 3 tours intitulé 0ccitania sempre (Occitanie
toujours) qui comporte une face en occitan et l’autre en français. Les
titres en occitan sont du poète périgourdin Micheu Chadeuil,
ancien camarade de classe de Joan Pau Verdier. Seul un titre
occitan est de Verdier: Chanti per tu (Je chante pour
toi), les textes en français sont aussi de lui. L'enregistrement de ces
chansons est très artisanal car il est effectué chez Benoît Kaufman,
musicien orchestrateur arrangeur qui travaille alors avec Verdier.
Ils jouent à eux seuls la totalité des instruments. La musique est folk, et
très basée sur la guitare acoustique avec de belles mélodies à l'orgue. Il
faut dire qu'à ce moment de sa carrière, Verdier a une formation de chanteur
de cabaret, c'est-à-dire qu'il est habitué à chanter guitare à la main. Il
va ensuite essayer de s'en détacher afin d'enrichir sa musique.
C'est dans
cette optique qu'est enregistré L'exil en novembre 1973, toujours avec Benoît
Kaufman mais avec cette nuance près: des musiciens de studio
viennent ornementer certaines chansons dont Soi una puta (Je suis une
pute), réponse de Chadeuil aux Occitanistes convaincus qui se
sont manifestés lors de « l'affaire Verdier». En effet, Verdier
a repris Chadeuil comme parolier sur quatre chansons. Comme dans Occitania
sempre, les thèmes des chansons sont assez occitanistes mais la musique
se fait plus rock. Verdier sollicite davantage les différentes sonorités de
l'orgue, de la batterie, de la guitare électrique aussi. Ce disque est aussi
l'occasion d'une magnifique chanson dédiée à Léo Ferré,
avec un texte d'une richesse incomparable qui se déroule sur une guitare toute
en arpèges et des contre-chants d'orgue (Maledetto, Léo.! )
Ferré est un
personnage important pour Joan Pau Verdier, c'est donc logiquement qu'on le
retrouve dans le disque Faits divers, avec la reprise en occitan de Ni Dieu,
ni maître qui devient Ni Diu ni mestre. Verdier a, pour ce 33 tours,
(paru en 1975) changé d'arrangeur. A la place de Kaufman, il travaille
avec Jean-Claude Déquéant, alors orchestrateur dYves Simon. Il bénéficie
aussi du groupe de ce dernier: Orphéon, composé de Christian Leroux
(guitares), JeanClaude Guselli (basse), Serge
Perathoner (claviers) et Dominique Bouvier
(batterie). On trouve dans ce disque de très riches orchestrations expliquant
les nombreux musiciens de studio présents pour l'enregistrement. L'un d'eux, Gilles
Jerome (déjà présent sur L'exil, a son importance puisqu'il est
depuis 1974 le musicien de scène de Verdier. La musique est assez
ambiguë car elle présente en même temps un aspect rock très intéressant
dans faits divers I et Il ou L e bal de la folie et un relatif côté
folklorique avec Legenda (Légende) et T'aimerai (Je
t'aimerai). Côté paroles, Chadeuil n'a composé qu'une seule
chanson Presencias (Présences), tous les autres textes sont de Verdier.
Ce disque obtient le Grand prix de l'association de la cri tique de
variétés.
En 1976, Joan
Pau Verdier enregistre le disque Vivre qui est empreint d'un bel esprit
rock avec un groupe d 'excellents musiciens que sont: Jean Kraut
(guitares), Didier Alexandre (basse), Gilles Jérome
(claviers) et Jean-François Leroi (batterie). Comme dans les
disques précédents, on constate un équilibre entre le français et l'occitan
aussi les reprises de trois anciennes chansons pour leur donner un nouveau
visage plus électrique. II s'agir de Vivre, Sirventès, et las
maussieras (les merises). De plus, trois musiciens de studio viennent
renforcer le travail de groupe de Verdier et ses musiciens. Jean-Michel
Hervé à la flûte traversière, Michel Ripoche
(du groupe Zoo) au violon et Claude Améziane
aux percussions amènent chorus et effets percussifs très enrichissants.
C'est avec Tabou-le-chat
qui sort en 1977 qu'un véritable groupe se forme autour de Verdier
avec la même base rythmique formée par Didier Alexandre (basse)
et Jean-François Leroi (batterie). Alain Markusfeld
(guitares) et Jacques Verrecchia (claviers) remplacent
respectivement Jean Kraut et Gilles Jérome. La
chanteuse Anita Bonan, elle aussi nouvelle venue, apporte un
précieux plus sur le plan vocal.
Tabou-le-chat
est un concept-album comme il en avait fait, par exemple, par le groupe Ange
avec Au-delà du délire. Ici c'est le thème du chat qui est développé et qui
relie les chansons entre elles. Ce disque est aussi un véritable hymne au rock,
notamment grâce au magnifique jeu de guitare d'Alain Markusfeld.
Tantôt rock avec Tabou-le-chat (identité), Easy-cat-rock
ou Au pays de Tabou-le-chat, tantôt mélodieux avec Rue du Lys ou
Chattemine, Verdier emmène l'auditeur dans un voyage où la poésie, en
majorité en français, est parsemée de refrains et tirades en occitan, d'argot
et d'expressions en anglais. Pendant la tournée qui suit cet album, Alain
Markusfeld quitte le groupe, il est remplacé au pied levé par Pierre
Fanen qui sera le guitariste du disque studio suivant.
Le nuage
dans la tête paraît en 1978 et propose un ensemble un peu froid et figé
par rapport à son prédécesseur, même s'il en est assez proche. II est vrai
que l'équipe musicale a changé. Seuls Jean-François Leroi Anita Bonan
et Jacques Verrecchia sont restés. Les nouveaux Arrivants que
sont Pierre Fanen (guitares) et Dominique
Bertram (basse) apportent un jeu et un sur différent. Ce qui
explique l'aspect jazz-rock de la musique. L'occitan a disparu des textes des
chansons hormis sur le refrain de Barracuda. Le doute se ressent dans les
rythmiques saccadées, les paroles parfois torturées et certaines
orchestrations étonnantes qui arrivent cependant à créer une ambiance qui
n'est pas dénuée d'intérêt.
Cette même
année sort une compilation des meilleures chansons de Verdier sous la forme
d'un double album. Intitulé Joan Pau Verdier les grandes
chansons, ces deux 33 tours offrent un beau condensé des disques enregistrés
jusque-là . Disposées dans un ordre chronoIogique, les chansons montrent bien
l'évolution de Verdier en Poésie musique, tant dans l'originalité que dans la
diversité.

( Dessin Gilles Poulou )
Dans le 33
tours Le Chantepleure de 1979, un équilibre s'établit entre les textes
et la musique. La poésie, désormais tout en français, a des côtés très
durs et très réalistes, par exemple dans Raconte-moi ta vie ou Le droit à
l'oubli, et un côté très tendre dans Petit brugnon. Musicalement, le jeu de
guitare de Pierre Fanen est mieux exploité que dans Le nuage dans
la tête. Les musiques sont blues et rock, souvent mélodieuses comme le prouve
par exemple la chanson Le bonheur. Dans ce disque, la notion de groupe
disparais, les chansons sont le fruit du travail commun de Verdier
et Fanen, avec la collaboration de Jacques Verrecchia
et Luc Plouton sur certaines musiques. Jusqu'en
1983, date de la rupture de contrat entre Verdier et la maison de
disque Philips (qui a jusqu'à présent diffusé tous les disques
de Verdier), il n'y a plus que des 45 tours qui se ressemblent
assez. Ils sont d'ailleurs dans la lignée du Chantepleure. II s'agit de Apollinaire
street en 1979, Machita en 1982 et Plus rien à perdre en
1983.
A noter, la
très belle Ballade d’Adrien en 1981 écrite pour le film de Jean-Pierre
Denis (ancien camarade de Verdier) Histoire d’Adrien. Au
départ, Verdier compose seulement la mélodie du film, mais cette musique
connaît un bon accueil de la part du public. II décide alors d'y ajouter des
paroles mi-français mi-occitan.
De la rencontre
entre Verdier et Maurice Croze, poète originaire de
Corrèze, naît un disque quatre titres intitulé Verdier chante Croze:
« Chante-souvenir» qui paraît en 1986. Pour cet enregistrement Verdier fait
travailler son ancien organiste Gilles Jérôme et une chanteuse récitante, Odile
Moniot. Entièrement orchestrées par Verdier, les chansons sont
d'une ambiance très douce et acoustique. Les mélodies sont bien servies par
des incursions de piano, de synthétiseur et de guitare. La chanson La Dordogne
a un refrain transcrit en occitan qui semble venir du fond des vallées.
1987, joan
Pau Verdier sort le 33 tours Cinquième saison. il est accompagné par Odile
Moniot (chant), Mick Martin (guitare
électrique et choeur ) et surtout par Francis « Félix»
Blanchard (ex Malicorne et Bernard Lavilliers)
qui assure le piano, les claviers, l'alchimie sonore et les programmations!
Véritable homme-orchestre, il sait se servir des multiples possibilités qui
permettent à la musique de se faire tour à tour rock (Cinquième saison),
mélodieuse (L’éternitat - L'éternité) et même humoristique dans la
délirante chanson Dernière station (avant la déroute). L’occitan
est présent sur quelques chansons, Hit en oc; L’éternita et la
poésie est plus que jamais le fruit d’un Travail d'alchimiste.
En 1989, Joan
Pau Verdier et Francis " Félix " Blanchard
participent :à la création du groupe Bigaroc, dont Verdier
est l'un des chanteur, avec des membres de Peiraguda et Blue jean Rebels. Un
compact-disque paraît en 1991. Enregistré au studio de Francis Cabrel
à Astaffort (ce disque est un mélange de rock, de blues et de folk, sur des
paroles en majorité de Joan Pau Verdier, de Patrick
Salinié et Jean Bonnefon du groupe Peiraguda.
L'objectif de Bigaroc était un peu de devenir les Pogues
occitans, malheureusement ce groupe cessera d'exister en 1991.
C'est à cette
date que Verdier enregistre en concert à la chapelle de la
Visitation de Périgueux son premier laser Pirouettes qui sort en 1992.
Ce disque comporte cinq reprises (Chroniques du quotidien, Rue du Lys,
On ferait comme si, Ballade d’Adrien et Hit en oc) et dix
nouvelles chansons. Autour de Verdier et Blanchard,
viennent se greffer Patrick Descamps (basse et
accordéon), Didier Berguin (guitariste qui jouait dans Bigaroc)
et Rose-Lyne Berguin (chant). II n'y a pas de
batteur, du fait de la petite taille de la salle. Les parties de batterie ont
été programmées à l'avance et sont contrôlées par Francis Blanchard.
Les textes des chansons sont très travaillés et plein d'allusions, aussi
diversifiés que la musique qui sait se faire à la fois rock, blues, tango ou
folk.
Cette
diversité musicale, Joan Pau Verdier la cultive encore dans le CD
Vint ans aprèp qui sort en 1993. Le but de ce compact-disque (enregistré en
prise directe pendant deux jours), qui n'est donc pas une compilation, est
d'effectuer les reprises d'anciennes chansons en les réactualisant. Sept au
total datant de 1973, 1974 et 1975 : La bona chançon (La bonne chanson)
Presencias, La vièlha (La vieille), Legenda, Lo
vilatge nejat (Le village noyé), T'aimarai et Ni Diu, ni
mestre. Musicalement, l'obsession de ce disque est d'éviter à tout prix le
folklore. Les sonorités jazz, blues et rock confortent d'ailleurs cette idée.
L’autre particularité est que tous les textes sont en occitan, comme
Pirouettes était quasiment tout en français. Un noyau commence à se former
autour de Verdier avec Blanchard, Laurent Chopin (batterie), Didier
Berguin (guitare, basse, harmonica).
Cette même
année 1993, une réédition en compact de la compilation de 1978 est diffusée
par Phonogram. L’ordre des morceaux et le choix des chansons sont changés
sans l'avis de Verdier qui n'a pas été prévenu de la sortie de ce disque. II
comporte à présent la quasi totalité d'Occitania sempre et quelques chansons
allant de 1974 à 1978. Le choix des chansons et leur disposition étaient bien
plus intéressants dans la compilation de 1978. De plus, il y a une erreur de
titre, la chanson Dansa liura (Danse libre) est en réalité Sirventès
II! « Les textes des chansons n'engagent que leurs auteurs » se plaisait
à écrire Phonogram sur les pochettes des artistes qui s'impliquaient un peu
trop à leurs yeux (Ange, Catherine Ribeiro + Alpes), encore
faut-il être capable de retranscrire correctement l'oeuvre des artistes! On n'a
pas plus consulté Verdier pour le choix de la pochette dont la
photo, qui est vieille, ne lui correspond plus du tout. Pour compléter le
tableau, des remerciements sont faits à des personnes que Verdier
ne connaît même pas. Maledetto, Joan Pau!
L'esprit de
groupe qui eut son apogée avec Tabou-le-chat est en train de renaître, il est
nettement perceptible dans les deux derniers disques que vient d'enregistrer
Verdier en 1996, mais qui ne sont pas encore distribués. L'un est composé de
reprises de Léo Ferré, il s'intitule La
mémoire et Ferré, l'autre s'appelle Veilleur de Sud .
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Depuis cet
article, les deux disques cités ne sont pas sortis, par contre sont disponibles
:
L'album "Les rêves gigognes" (nouvel album :
septembre 2010 )
Les rééditions en cd des albums "Tabou le chat" et
"Le chantepleure" (septembre 2010)
L'album "Léo, domani." consacré à Léo FERRE
(
septembre 2001 )
Les "Les
rêves gigognes" et les rééditions en cd des albums "Tabou le chat" et "Le
chantepleure" sont en vente en ligne (paiement en chèque ou par paypal )
Les albums "Verdier , Bonnefon , Salinie
Chantent Brassens Volume 1 et 2 " ( éditions de la Lauze )
Un nouveau pressage de
"Vint ans aprep"
est disponible aux
éditions revolum.
L'album "Paratge" avec Rosine de Peira produit par Jean Pierre Mader
et Georges BAUX est inclus dans le livre CD "
Trobadors"
: Textes de
Martial Peyrouny, dessins de Luc Aussibal .
Le recueil bilingue "Avec le temps / Coma
lo temps " comprenant l'album
"Léo en oc"
aux éditions "Le cherche midi éditeur"
( Mai 2007)
est disponible dans toutes les librairies (et uniquement en librairie )
enfin , on peut
trouver certains disques d'occasion sur
http://musicollector.cdandlp.com/
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Chantepleure: |
“
Mot forgé a partir des impératifs des verbes -chanter et pleurer,
à cause du bruit que fait le liquide en coulant. Les dictionnaires lui
attribuent plusieurs sens : Le robinet d'un tonneau, une sorte de long
entonnoir, une fente pratiquée dans un mur pour l'écoulement des eaux ou
la rigole dans la berge d un cours d eau. Son utilisation comme métaphore
du travail de l'artiste remonte à François Villon |
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